Libye : des migrants éprouvés, en attente d’un jour meilleur

Le pays instable depuis dix ans abrite de nombreux subsahariens refoulés aux frontières de l’Europe. Sans perspective d’avenir, ces candidats à l’immigration clandestine sont réduits sur place à une vie de forçat.

Ou comment un lieu de transit se transforme en destination finale. Pour plusieurs travailleurs migrants actuellement à Tripoli, la capitale libyenne, le séjour censé être de courte durée se prolonge. L’aventure qui ne devait en principe prendre que quelques jours pour les plus chanceux se poursuit depuis des années pour certains. La faute à des garde-côtes de plus en plus vigilants et enclins à dissuader toute tentative illégale d’entrer sur le territoire européen via la méditerranée. De fait, les candidats à l’immigration clandestine venus pour la plupart de pays africains en proie aux crises (guerre, famine, etc.) comme le Soudan, l’Érythrée ou le Niger entre autres, sont contraints de rester sur place. D’autant que d’énormes économies sont souvent investies dans cette traversée méditerranéenne. Une fois refoulés donc, les migrants se retrouvent sans ressources.

Réduits à une vie difficile

Ils représentent dès lors une main-d’œuvre taillable et corvéable à merci pour les quelques secteurs d’activités qui tournent encore dans ce chaos libyen. Les migrants les plus privilégiés se contentent de quelques euros par jour, une vingtaine au maximum pour des périodes de travail prolifiques. Les autres prennent chaque jour d’assaut les ponts de Tripoli, la capitale du pays afin de dégoter un hypothétique travail afin de pouvoir survivre. Le reste sans doute parmi les plus nombreux est réduit à toute sorte de sacrifice, allant de l’exploitation sexuelle au trafic d’êtres humains.

Un pays meurtri

La Libye n’a pas toujours été une destination de transit pour la migration. Sous la présidence de Mouammar Kadhafi, le pays fort de l’exploitation de ses immenses ressources en pétrole accueillait une forte communauté de migrants venus d’Afrique subsaharienne. Ce n’était pas l’abondance totale, mais la stabilité à la tête de l’État permettait une certaine redistribution de la manne pétrolière. Depuis plus de dix ans, cet équilibre a volé en éclats. En cause, l’assassinat dans des circonstances troubles de Mouammar Kadhafi, homme fort de la Libye pendant plus de quatre décennies dans le sillage du soulèvement populaire de 2011. Une révolte à laquelle ont contribué les Européens, dont la France et la Grande-Bretagne entre autres, à travers leur appui militaire contre les autorités de l’époque.

Le pays depuis divisé entre plusieurs territoires rivaux espère tourner les pages sombres de son histoire à travers l’accord politique conclu en 2020.


Soyez le premier à commenter

Poster un Commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*