Bénin : une présidentielle sans engouement

Le scrutin organisé dimanche 11 avril dans un climat de tension politique n’a pas soulevé les foules. Au grand dam du pouvoir sortant qui pariait pourtant sur une forte mobilisation des électeurs pour cautionner le vide créé autour de lui.

Le président béninois, Patrice Talon, devrait être reconduit pour un nouveau quinquennat. Mais certainement pas dans les conditions voulues par son régime. Et pour cause, le scrutin présidentiel organisé le 11 avril dernier n’a pas mobilisé les électeurs. Les premiers constats effectués par divers médias et autres organisations citoyennes d’observation électorale sur le terrain parlent d’un vote sans enthousiasme particulier. Pour diverses raisons, les 4,9 millions d’électeurs appelés aux urnes n’ont globalement pas répondu à l’appel.

Contexte de tension

Pour certains observateurs de la vie politique béninoise, l’excès d’assurance de la mouvance présidentielle durant la campagne électorale quant à l’issue du scrutin a certainement douché les ardeurs de plusieurs personnes. Ces derniers préférant rester chez eux, persuadés que leur vote ne changerait rien au résultat.

D’autres en revanche, ont très probablement eu peur pour leur sécurité à cause du climat de violence précédant le vote. En effet, la campagne électorale a été marquée par des épisodes violents, notamment dans certaines localités du centre et du nord, acquises à l’opposition. Les manifestations contre la prorogation de 45 jours du mandat présidentiel ont fait au moins deux morts et de nombreux blessés. Conséquence : plusieurs régions, à l’instar de Savè, Tchaourou et Bantè, n’ont pas pu voter. Cette dernière ville a même été le théâtre de la séquestration d’un observateur électoral par des protestataires.

Dans sa première adresse intervenue après la fermeture des bureaux de vote dimanche soir, le président de la Commission électorale, Emmanuel Tiando, a indiqué que les populations de 16 arrondissements sur les 546 que compte le pays n’ont pas pu accomplir leur devoir citoyen.

Un troisième flop pour le pouvoir

Pourtant tout au long de la campagne électorale, le pouvoir en place n’a cessé de sensibiliser les populations sur la nécessité de sortir massivement voter. Car, le taux de participation est le seul enjeu de ce scrutin auquel ne prenait part que deux candidatures qualifiées de fantoches par nombre d’observateurs. Le président sortant ayant fait le vide autour de lui avec des opposants d’envergure exilés, emprisonnés ou dont la candidature a été invalidée.

Patrice Talon va très probablement se faire réélire dès le premier tour comme souhaité par son camp. Mais la mobilisation ne sera pas au rendez-vous. Une troisième fois après l’épisode des législatives et des communales.


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