Mali : retrait de la force Barkhane du Mali, et après ?

Des blindés de l'armée malienne, lors d'un défilé militaire.

Les derniers soldats de la force Barkhane ont quitté le Mali le mois dernier pour le Niger voisin. Bamako obtient ainsi gain de cause après plus d’un an de tensions avec Paris. Si l’objectif a été atteint, il faut maintenant assumer pleinement sa propre défense. Mais la stratégie actuelle semble inadaptée au regard des récentes attaques terroristes de l’intensification des attaques.  

Plus d’un an après l’annonce par Emmanuel Macron du retrait de la force Barkhane du Mali, les derniers soldats français ont quitté le pays le lundi 15 août pour le Niger. Paris a indiqué que son armée va se réarticuler dans le Sahel, là où on tolère encore sa présence alors que le sentiment anti-français atteint son paroxysme dans la région. Avec ce départ des troupes françaises, Bamako doit maintenant assumer pleinement sa propre défense, plus de soixante ans après son indépendance.

Mettre fin à l’exclusivité de la coopération malienne 

Mais la nouvelle vie sans la France et avec la Russie commence mal en raison de la recrudescence des attaques terroristes, qui ont même visé la garnison de Kati, fief de la junte malienne. Dans un tel contexte, Bamako doit réadapter de toute urgence sa réponse sécuritaire. Son ministre de la Défense, le Colonel Sadio Camara a donné une idée de ce que sera désormais la stratégie malienne lors de la 10e Conférence (Mcis-2022) sur la sécurité internationale de Moscou, organisée le 16 août 2022.

Le premier des FAMA a déclaré que le Mali, désormais « déterminé et décomplexé », ne laisserait plus aucune puissance « prétendre à une quelconque exclusivité de la coopération malienne ». Ce qui signifie que le pays va diversifier ses partenaires. Mais vers qui va-t-il se tourner ? « Tous ceux qui ont la capacité et surtout la volonté de coopérer dans le respect de sa souveraineté et la préservation des intérêts mutuels », a précisé Sadio Camara. Il sous-entend par là un rapprochement avec des Etats comme la Russie et la Chine et l’Iran.

Des alliances stratégiques avec l’ouest et l’est

Cette nouvelle posture de la junte malienne rappelle les propositions de l’ex député de Kayes Aliou Diallo. Dans une tribune datée du 16 octobre 2021 (déjà), le président d’honneur d’ADP-Maliba avait appelé à multiplier les partenariats pour ne plus dépendre d’une puissance. Il réagissait à l’annonce, trois mois plutôt, d’Emmanuel Macron au sujet de la fin de la mission Barkhane. L’entrepreneur a affirmé que le retrait des soldats français plaçait paradoxalement le Mali « dans une position de force pour négocier au mieux un nouveau partenariat militaire ». Celui-ci serait « axé sur la formation, la fourniture d’équipements, le renseignement »

Aliou Diallo a préconisé de tisser des alliances avec des puissances comme les Etats Unis, la Chine et la Turquie, sans oublier les partenaires actuels et traditionnels. Il estime que la concurrence entre ces pays les poussera à respecter leurs engagements vis à vis du Mali, qui gagnerait ainsi sa souveraineté militaire. Le milliardaire pense aussi qu’il faudra accompagner ces mesures d’une lutte contre l’analphabétisme, la pauvreté et le chômage. Ces tares constituent le fumier sur lequel prospère le terrorisme. Pour sa part, il propose un plan Marshall pour venir à bout de ces problèmes.


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